Accompagner les familles
Bernard Cochy, membre de l’Association Anorexie Boulimie Ouest (AAB Ouest).
Les spécialistes s’accordent aujourd’hui sur la nécessité d’inclure la famille dans le processus de soins. Les associations de familles jouent un rôle important d’accueil et d’écoute qui est valorisé par les professionnels de santé.
Quel impact la maladie a-t-elle sur la vie familiale, celle des parents, de la fratrie ?
Bernard Cochy : Au début un impact très négatif, fait de souffrances, d’incompréhensions, de culpabilité, de sentiment d’impuissance. Il est donc indispensable d’accompagner les familles et de les inclure dans le processus de soin. En participant à des groupes de parole, elles sortent de l’isolement, elles peuvent échanger avec d’autres parents, exprimer leur souffrance, retrouver de l’espoir par des témoignages positifs. Elles y trouvent également des conseils pour découvrir pas à pas les mécanismes et effets pervers de cette pathologie, revoir leur positionnement, soutenir l’enfant sans le surprotéger, réapprendre à vivre au quotidien, faire confiance au jeune malade et aux soignants.
Quel message voudriez-vous transmettre à des parents qui viennent d’apprendre que leur enfant souffre d’anorexie mentale ou de boulimie ?
BC : Ne surtout pas rester isolés, demander à leur médecin traitant de les aider à trouver des lieux et modes de prise en charge adaptés, pour leur enfant et pour eux. Les aider également à trouver une entraide associative spécialisée dans les TCA, dans un environnement proche si possible. Ils peuvent trouver ces renseignements sur les sites respectifs de l’AFDAS-TCA (1)et de la FNA-TCA (2), les fédérations de professionnels et celles des associations liées aux TCA (Troubles du comportement alimentaire). Il n’en existe malheureusement pas dans toutes les régions. Pour obtenir des informations, des conseils, une écoute, ils peuvent composer le numéro de la ligne d’écoute nationale, Anorexie Boulimie Info Ecoute 0810 037 037 (prix d’un appel local). Des professionnels de santé et des associatifs se relaient bénévolement pour leur répondre.
Vous avez créé une association, Allo Anorexie Boulimie 44. Quelles sont vos relations avec les professionnels de santé et les lieux de soins ?
C’est une véritable collaboration. Devenus membres à part entière du réseau de santé ABELA (Anorexie Boulimie En Loire-Atlantique), nous sommes conscients de notre chance et avons périodiquement des relations institutionnelles avec les professionnels du réseau, co organisons des conférences-débats ouvertes au public. Deux ans après notre création, les professionnels nous ont confié l’organisation du groupe de parole pour les familles. Nous établissons également des relations avec les structures de soins de la région, prenant en charge les personnes souffrant de Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) et leurs familles. Nous confrontons, chacun dans son rôle et place, nos vécus et expériences de la prise en charge et de l’accompagnement des patients et de leurs familles
En participant à des groupes de parole, les familles sortent de l’isolement, elles peuvent exprimer leur souffrance trouver des conseils
(1) Association Française pour le Développement des Approches Spécialisées des Troubles du Comportement Alimentaire : www.anorexieboulimie-afdas.fr
(2) Fédération Nationale des Associations d’aide aux Troubles du Comportement Alimentaire : www.fna-tca. fr